Et maintenant, que faire ? Oui, protester contre l'indifférence de la communauté internationale et poursuivre en justice pour crimes contre l'humanité les complices du pétro-dictateur azéri. Celui qui a affamé, humilié pendant neuf mois 100 000 Arméniens innocents, au lieu de chercher des solutions politiques respectueuses des droits et dignes des pays civilisés. Bien sûr. Mais maintenant, c'est aussi aux compatriotes d'Arménie et de la diaspora, ainsi qu’à leurs amis, que revient la tâche de mettre le bien-être de cette population déplacée au cœur de leurs préoccupations. D'assurer leur alimentation, leur logement, leurs écoles et leur travail. Pour qu'ils puissent se reconstruire moralement et physiquement.
A notre échelle, c'est le redémarrage de l’Ecole professionnelle Yeznig Mozian (EPYM) des métiers du bâtiment qui s'impose. L’une des plus belles réalisations du Fonds Arménien de France, elle a été créée en 2015 à Shushi, dans un bâtiment ultra-moderne conçu par l’architecte Alain Daronian, dotée de dortoirs adjacents offerts par la famille Nazarian du Liban, avec près de 200 apprentis sous son premier directeur, Vaspur Karapetyan. Elle a été transférée à Stépanakert, après la guerre de l’automne 2020 qui a volé la vie à dix enseignants et apprentis. Et maintenant, elle cherche activement des locaux pour reprendre ses activités en Arménie. A chaque fois, elle a bénéficié du soutien fidèle et précieux de l’association française Architectes de l’urgence, ainsi que de la Famille Naggiar du Liban. Elle a excellé dans la qualité de son enseignement, avec des maîtres dont plusieurs ont été formés en France, notamment en collaboration avec le CFA BTP d’Ile-de-France. Ce sera donc l’EPYM 3, nouveau Phénix, symbole de la résilience arménienne.Nos enseignants sont à pied d'œuvre, sous la conduite de leur directrice, Nara Ichkhanyan, pour localiser et rénover un nouveau bâtiment, l'équiper reprendre sa mission. Et faire en sorte que les visages de nos apprentis retrouvent un peu le sourire qui nous a tant manqué sur cette photo prise deux jours avant le 19 septembre 2023, lors de ce qui devait être, hélas, la dernière rentrée de l’EPYM en Artsakh.Un toit, un travail, une école pour chacun/chacune et une protection civile renforcée par des formateurs expérimentés et des volontaires organisés sur tout le pays.