Offrir un toit aux familles qui commencent une nouvelle vie dans le Syunik
[27 août 2024] - Souren Kévorkian

Après l'invasion de leur pays par l'armée azerbaïdjanaise et l'exode en Arménie de plus de 100 000 Arméniens d’Artsakh, la question de leur logement s'est posée comme une nécessité urgente et impérieuse. Le Fonds Arménien de France s'est donc immédiatement mobilisé. Son président, Bédros Terzian, s'est rendu en Arménie par deux fois pour lancer, dès la fin du mois d'octobre, le programme « Habitation, réhabilitation, emploi », visant à offrir un toit à des familles déplacées de force et les aider à démarrer une activité agricole.

Les maisons mises à disposition sont en cours de rénovation par le Fonds Arménien de France
Les maisons mises à disposition sont en cours de rénovation par le Fonds Arménien de France

En contact étroit avec les responsables communautaires de plusieurs villages frontaliers de la province du Syunik, au sud-est de l'Arménie, les équipes du Fonds ont ainsi pu identifier quarante maisons, mais dont l'état ne permettait pas, sans d'importants travaux, d'accueillir dignement les réfugiés. Avec le soutien du Fonds Arménien d'Argentine, de la ville de Bordeaux et de l'opération Street Food Décines (réalisée à l'initiative de Sonia Ezgulian, Alain Alexanian et Gérard Essayan), le Fonds Arménien de France a pu réunir les sommes nécessaires pour engager la rénovation de tous ces logements, soit environ 10 000 euros par maison, et en assurer le suivi technique rigoureux. Gagik Hagobyan, sa femme, Gyulnara, et leurs deux enfants sont originaires d'Aygestan, dans le district d'Askeran, en Artsakh. Ils sont arrivés en Arménie le 27 septembre 2023, dans le village de Kornidzor, où habite la mère de Gagik, avec juste leurs papiers d’identité, des vêtements et des couvertures ainsi que quelques objets qui leur étaient précieux. Si de nombreuses familles ont préféré s'éloigner le plus possible de la frontière, les Hagobyan ne sont pas allés plus loin. « Que pourrions-nous faire de plus à Erevan ou ailleurs ? », demande Gagik. « Ma mère a sa maison et notre fille s'est mariée ici, dans ce village. Nous avons voulu rester près d'elles. Et puis d'ici, on voit le Karabagh ».

La municipalité leur a rapidement trouvé une maison, mais en bien mauvais état, sans chauffage pour passer l'hiver, sanitaires absents, murs et plafonds délabrés et fenêtres à changer. Le Fonds Arménien de France s'est chargé de missionner des entrepreneurs locaux pour procéder à la rénovation. Les travaux ont duré 35 jours, avec l'aménagement complet d'une nouvelle pièce d'eau, la réfection de la cuisine, plomberie, électricité, peinture, la pose de nouvelles fenêtres bien isolées et de radiateurs dans les chambres et la pièce de vie. Gyulnara y a d'ailleurs disposé les quelques souvenirs que la famille a pu sauver dont des photos, celle de leur fils, soldat porté disparu pendant trois jours, mais heureusement retrouvé sain et sauf, et une horloge, celle qui ornait leur salle à manger à Aygestan, au Karabakh.

Gyulnara, son mari Gagik et leurs deux enfants originaires d'Artsakh ont trouvé un toit non loin de la frontière
Gyulnara, son mari Gagik et leurs deux enfants originaires d'Artsakh ont trouvé un toit non loin de la frontière

« Nous nous sommes faits quelques amis ici ; les gens du village nous ont aussi donné des meubles, puis nous avons la famille. Nous cultivons le jardin ; nous avons quelques poules, nous vivons comme nous pouvons ». Coup de pouce supplémentaire, pour assurer leur quotidien et les aider à démarrer une nouvelle activité, le Fonds Arménien de France leur a aussi offert une serre où Gagik et sa mère font pousser des légumes et des herbes aromatiques qu'ils peuvent revendre ; tous les Arméniens en raffolent.

Gyulnara se confond en remerciements pour le Fonds. Effectivement, la maison dans laquelle ils vivent désormais ferait certainement le bonheur de beaucoup d'autres familles modestes en Arménie. Mais ces gens n'ont plus rien ; ils ont tout perdu, leur travail, leur terre, les sépultures de leurs anciens. Leur désespoir va bien au-delà du matériel.

Les serres fournies par le Fonds Arménien de France permettent aux familles de cultiver leurs propres légumes.
Les serres fournies par le Fonds Arménien de France permettent aux familles de cultiver leurs propres légumes.

À quelques kilomètres de là, à Tegh, la famille Sarkisyan est une autre bénéficiaire du programme lancé par le Fonds Arménien de France. Eux viennent de Stepanakert. Le couple, Sos et Arega, avec leurs quatre enfants, ont trouvé refuge chez le père de Sos, Seyran, qui habite cette petite communauté frontalière depuis une vingtaine d'années. Sa maison disposait d'un étage, inoccupé depuis des années ; tout y était à refaire. Là aussi, les équipes du Fonds Arménien de France sont intervenues pendant deux mois pour tout remettre en état. Sos était ouvrier à Stepanakert. Il a participé aux travaux de rénovation de sa nouvelle maison et trouve parfois des chantiers, pour gagner un peu d'argent. Pas de vrai travail. Le reste du temps, il s'occupe des vaches et des ruches de son père, ou du jardin. Les enfants ont l'âge de l'insouciance. Aujourd'hui, ils se sont parfaitement adaptés à leur nouvelle vie et sont tous scolarisés à l'école communale où ils ont des amis. Les garçons, pour nous montrer comme ils sont forts, s'y mettent à deux sur le manche d’une hache pour tenter de fendre un rondin de bois. Milena a 11 ans, c'est l'ainée de la fratrie, « une très bonne élève », assure-t-elle. Lorsqu'on l'interroge sur sa nouvelle vie, elle n'est pas peu fière de nous répondre en anglais et avec grande emphase : « I love my Tegh village » (j’aime mon village Tegh). Karine, 6 ans, la petite dernière, y va, elle, de sa dernière récitation : « Hayastan anun, Du luis es anhun, Vorn skizb chuni, U chi verjanum – Arménie, tu es une lumière sans fin, qui n'a pas de début et n'en finit pas ».

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