On connaît Dilijan pour ses forêts luxuriantes, ses charmantes maisons en bois et ses monastères médiévaux. Mais la « petite Suisse de l’Arménie » cache bien d’autres trésors… Parmi eux, l’ONG Youth Cooperation Center of Dilijan (YCCD) qui œuvre depuis 2008 pour le développement communautaire par le biais de programmes pour les jeunes vivant en milieu rural. Petit tour d’horizon des initiatives de ce foyer de dynamisme niché dans les montagnes du Tavush.
L’histoire de YCCD, c’est au départ celle d’un couple, Arthur Ghazaryan et Aïda Atabekyan, tous deux originaires de Dilijan. Alliant leur connaissance du terrain à leurs expériences de collaboration avec des organisations internationales, ils ont fondé une structure qui axe sa stratégie autour de trois grandes directions : la jeunesse, l’entreprenariat social et le tourisme. Chaque année, l’ONG
organise une grande variété de programmes, dont certains ayant un fort impact sur la communauté. Le premier d’entre eux est le festival DiliTon, organisé en août pour permettre aux artisans locaux de présenter et vendre leurs produits, tout en attirant des touristes dans la région. La journée du festival est ponctuée de concerts, de jeux éducatifs pour les enfants, de tournois d’échecs et de masterclass d’artisans. À noter que DiliTon est l’un des rares festivals d’Arménie qui soit gratuit pour les exposants.
Le second programme permanent est le WELL Camp, un cours trimestriel en leadership entrepreneurial pour les femmes. « Ce programme s’adresse aux femmes qui ont déjà un petit business ou qui envisagent d’en fonder un », explique Aïda, directrice des programmes. « Le but est de leur apprendre les bases de l'entrepreneuriat : élaborer un modèle d’entreprise, trouver des clients, etc. Les vingt participantes développent leur idée de business et apprennent à la présenter à l’oral. À la n, nous organisons une sélection avec un jury d’entrepreneurs indépendants qui choisissent quel projet sera nancé ». Chaque année, dix projets sont récompensés par une bourse. L’année dernière, le projet a été mis en œuvre une seconde fois pour les femmes d’Artskah installées à Dilijan.
Autre programme tourné vers l’emploi : la Skills School. Destiné à lutter contre le chômage des jeunes, ce programme met l’accent sur l’apprentissage des soft skills, c'est-à-dire les compétences en communication, travail d’équipe, leadership et pensée analytique. « Ces compétences ne sont pas enseignées dans les structures éducatives traditionnelles, alors qu’elles sont de plus en plus demandées par les employeurs », fait remarquer Aïda. « Nous apprenons aussi aux participants à écrire leur lettre de motivation, leur CV, sans oublier les cours d’anglais. » Pour finir, les apprenants participent à une rencontre avec des employeurs locaux et ont la possibilité, en plus d'agrandir leur réseau, de postuler à des offres.
L’année dernière, deux autres initiatives ont fait leur apparition dans l’agenda déjà bien chargé de YCCD. La première, intitulée DUCO, est une école de leadership qui vise à transmettre aux jeunes des compétences –théoriques et pratiques – en matière de prise de décision dans la communauté. Au programme de la partie théorique, des cours sur les principes démocratiques, la budgétisation participative, l’auto-gouvernance et même le lobbying. « Les participants doivent ensuite identifier un problème dans leur communauté », détaille Aïda. « Avec l’aide de mentors, chacun des quatre groupes élabore un projet répondant à sa problématique et le présente à un jury composé notamment de membres de la municipalité. » Quatre projets ont ainsi été financés et réalisés dans les villages : rénovation et équipement d’une salle de sport (suivie d’une compétition sportive), réhabilitation du square d’une école (avec plantation d’arbres et installation d’une nouvelle aire de jeu) et rénovation d’une salle d’école (pour l’organisation d’activités extrascolaires).
La seconde nouveauté est le média DiliDzayn, une chaîne YouTube1 qui propose toutes les deux semaines un entretien avec des responsables et des personnalités de la communauté. « Comme il n’y a pas de média à Dilijan, nous avons décidé de créer le nôtre », explique Aïda. « C’est une sorte de talk-show qui permet d’aborder les problématiques touchant notre région. Pour lancer ce média, nous avons rassemblé vingt jeunes que nous formons au journalisme vidéo, à la rédaction et au montage. » En plus de la partie entretien menée par Aïda, les vidéos sont ponctuées de petits reportages réalisés par les jeunes participants. Les sujets sont aussi divers que variés : l’intégration des déplacés d’Artsakh à Dilijan, la prévention des situations d’urgence, la gestion des déchets, etc.
Tout ce travail est rendu possible par la collaboration de YCCD avec de nombreux programmes internationaux, principalement américains et européens, qui financent ses efforts pour développer la communauté de Dilijan. Mais au-delà des financements, c’est surtout l’échange d’expérience et de compétences qui nourrit l’ONG. « Depuis plus de dix ans, nous accueillons des volontaires dans le
cadre d’Erasmus+ et du Service volontaire européen », explique Arthur, président et fondateur de YCCD. « La plupart organisent des ateliers éducatifs, en fonction de leur spécialité, ainsi que des cours de langue ou d’introduction à leur culture. Jusque-là, nous avons eu des volontaires d’Allemagne, d’Italie et de Pologne. Nous serions très intéressés d’accueillir des volontaires de France, par exemple pour des ateliers sur la francophonie, la culture et la langue françaises. Nous sommes ouverts à toutes les propositions. »
À bon entendeur, salut !
1. www.youtube.com/@YCCDNGO