Tout le monde a compris, et depuis fort longtemps, que l’application du droit international obéit à des critères très sélectifs. Il est un Etat cependant qui l’a compris mieux que les autres, c’est la Turquie. Tout lui est permis : occupation de territoires d’autres pays (la moitié de chypre, le nord de la Syrie, le nord de la province de Dahuk en Irak), délimitation unilatérale des eaux en Méditerranée, incursions quasi quotidiennes dans les espaces aériens et maritimes de Chypre et de la Grèce, menaces ouvertes d’attaquer des pays voisins…
« Nous viendrons de nuit », a publiquement averti Erdogan. Pourquoi s’étonner de cette agressivité tous azimuts ? Ankara a tiré les conclusions de la passivité internationale. A partir du moment où le plus grand des crimes, un génocide, est resté impuni, pourquoi le reste lui serait-il interdit ?
La nouveauté c’est que la Turquie a maintenant un élève, l’Azerbaïdjan. Ensemble, ils ont attaqué l’Artsakh en 2020 : la « communauté internationale » n’a pas réagi. Encouragé par cette inaction, l’élève a attaqué l’Arménie en septembre 2022, occupant les hauteurs stratégiques de ce pays : timides protestations cette fois, mais ni condamnation ni sanctions. Ce nouveau test d’impunité réussi, Bakou a institué, trois mois plus tard, un blocus de la population de l’Artsakh à laquelle il promettait pourtant « les mêmes droits que ceux des autres citoyens de l’Azerbaïdjan ».
Il a déguisé ses coupeurs de route en « activistes écolos » (les Verts apprécieront). Ce faisant, l’élève pastiche le maître qui, en 1915, à une bien plus grande échelle, avait camouflé la déportation des Arméniens comme une « mise en sécurité ».
Le blocus de l’Azerbaïdjan est un aveu : c’est le dépeuplement de l’Artsakh que Bakou recherche. Certes, le ton des protestations internationales s’est élevé d’un ton cette fois, devant le risque d’une catastrophe humanitaire, mais pas plus. Après tout, les Artsakhtsis ne savent pas jouer aux victimes : ni images d’enfants affamés ni vidéos de malades mourants ! Peuple fier s’il en est, ils résistent. Leur résistance est la nôtre.