« La liberté d’un peuple oriente tous les peuples. Un innocent aux fers enchaîne tous les hommes ». C’est ce qu’écrit Paul Eluard dans un poème consacré au Groupe Manouchian, six ans après l’exécution des combattants de l’Affiche rouge par les Nazis, en février 1944, et cinq ans avant les strophes que Louis Aragon devait leur dédier, à son tour, et que Léo Ferré allait ensuite mettre en musique. Ces lignes disent l’esprit d’universalité qui animait ces héros de la Résistance et qui est souligné par l’exposition « Manouchian » au Panthéon (jusqu’au 8 septembre). Elles disent aussi, en filigrane, le contraste saisissant entre le don de soi ultime – jusqu’à la mort – consenti par ces « étrangers » (« comme on les nomme encore », écrit Eluard) et un contexte qui était caractérisé, pour le plus grand nombre, par le repli sur soi, le chacun pour soi, voire la trahison.
Le peuple arménien de l’Artsakh a, lui aussi, été mu par l’universalité des principes et en particulier le droit de chaque peuple à disposer de lui-même proclamé par la Charte de l’ONU qu’il a appliqué à la lettre, par référendum et par l’exercice quotidien, pendant trois décennies, des institutions étatiques qu’il s’est donné. Le tandem Azerbaïdjan-Turquie n’a cru et ne croit, lui, qu’en la force des armes et des faits accomplis. Sa ligne de conduite ne changera pas. L’histoire le prouve abondamment, des massacres Hamidiens du 19e siècle, jusqu’à l’épuration ethnique de l’Artsakh en 2020 et 2023, en passant par le Génocide des Arméniens commencé par les Jeunes Turcs en 1915 et parachevé par la Turquie kémaliste de 1919 à 1922. Chaque jour qui passe le prouve encore sur le terrain, par les agressions militaires azéries contre l’Arménie.
Renoncer aux principes universels conquis de haute lutte par la civilisation humaine serait une régression. Mais ignorer les enseignements de l’histoire serait bien pire. Force et universalité : voilà la seule voie.