Après plusieurs années d’efforts conjugués du ministère arménien de l'Éducation et du Fonds Arménien de France, le lycée professionnel Patrick Devedjian du Tavush a officiellement été inauguré le 28 mai dernier. L’établissement propose à ses élèves une formation en agriculture et en élevage, en collaboration avec la ferme de Lusadzor, où se déroulent les travaux pratiques. Nous avons rencontré Jacques Bahry, spécialiste de la formation professionnelle chargé des aspects pédagogiques du lycée, pour faire un point sur les évolutions en cours.
L’établissement où se trouve le lycée professionnel Patrick Devedjian enseigne à 325 élèves un large éventail de spécialités : tourisme, mécanique, cuisine, finance, éducation préscolaire, maintenance en énergie renouvelable et gestion de systèmes informatiques et automatisés. « Cet établissement représente un défi en termes de gestion, car il est à la fois public et privé, ce qui est complètement nouveau pour nos collègues arméniens », explique Jacques Bahry. La section d’enseignement agricole, créée au sein de l’établissement par le Fonds Arménien de France pour fonctionner en synergie avec la ferme de Lusadzor, compte quant à elle 35 élèves répartis en deux classes. L’ouverture d’une classe supplémentaire est prévue dès l’année prochaine. Grâce à l’expertise de Max Delpérié, ancien directeur des lycées agricoles de Limoges et du Nord Haute-Vienne, et sous la direction de Margarit Poghosyan, directrice adjointe chargée du développement et des innovations du lycée, Jacques Bahry se charge de superviser la formation des enseignants et la mise en œuvre du cursus.
La convention de coopération 2024-2027 signée entre le Conseil départemental des Hauts-de-Seine (CD92), la préfecture du Tavush et le Fonds Arménien de France comprend deux nouveaux axes d’évolution pour la section d’enseignement agricole : la collaboration accrue avec la ferme de Lusadzor et le développement de l’agritourisme dans la région. « Les travaux pratiques vont être organisés de manière de plus en plus fréquente, plusieurs fois par semaine, en fonction des saisons », détaille Jacques Bahry. « A la ferme, nous avons prévu de confier une ou deux vaches à chaque élève : ils en auront la responsabilité et devront s’en occuper régulièrement. Dans la même idée, nous avons installé une serre à proximité du lycée afin de fournir aux élèves un espace d’expérimentation et de les habituer à faire un suivi quotidien de leurs plantes. » A l’avenir, les modules pédagogiques à la ferme de Lusadzor vont être progressivement accrus de manière à établir une véritable « ferme-école » qui fera office de référence dans la région.
Le développement de l’agritourisme représente quant à lui une orientation nouvelle, qui découle d’une demande directe de la préfecture du Tavush au CD92. Cette forme alternative de tourisme, basée sur la découverte des savoir-faire agricoles d'un territoire, servira un double objectif : elle permettra d’attirer les touristes dans le nord de la province, moins fréquenté que le sud, et contribuera à la modernisation progressive des fermes. « Nous avons recruté une jeune femme de 28 ans, Syuzana Petrosyan, l’ancienne responsable de l’agence de tourisme du Tavush, pour gérer ce projet », indique Jacques Bahry. « Lors de mon dernier déplacement en Arménie, j’ai fait le tour avec elle de différentes exploitations pour repérer des potentiels partenaires. L’accueil de touristes nécessite des améliorations à différents niveaux – hygiène, esthétique, animations – et ce projet peut intéresser de nombreux agriculteurs. » Une fois l’étude de faisabilité terminée, le projet entrera dans sa phase opérationnelle à partir de septembre prochain. Tout naturellement, les autres sections du lycée bénéficieront également d’évolutions comme la section d’enseignement agricole. Par exemple, la section cuisine sera rapprochée du projet d’agritourisme afin de promouvoir la cuisine arménienne auprès des visiteurs. De même, un module « agritourisme » sera mis en place pour les étudiants en tourisme. Quant à la section mécanique, son savoir-faire va être mis à contribution pour développer l’enseignement du machinisme agricole. Une synergie qui pourrait se conclure par l’ouverture à la rentrée prochaine d’une nouvelle section, « Suivi et réparation des équipements agricoles », une fois la licence obtenue auprès du ministère de l’Education. Cette diversité d’initiatives complémentaires fait honneur à l’engagement de Patrick Devedjian qui, comme l’a rappelé Georges Siffredi, président du CD92, lors de l’inauguration du lycée, « a toujours porté une attention passionnée aux politiques publiques qui contribuent à la transmission des connaissances et des savoir-faire ».