Début février, le Fonds Arménien de France a signé un accord de coopération avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies, établissant le cadre d’une collaboration dynamique dans les domaines agricole et alimentaire. Déjà partenaires sur plusieurs programmes de développement dans le Syunik, les deux organisations envisagent de s’attaquer bientôt à un projet d’envergure porté depuis longtemps par le Fonds : la rénovation du grand canal de Sissian, pouvant irriguer des milliers d’hectares de terres agricoles.
Qui se ressemble s’assemble. Le Fonds Arménien de France et le PAM, deux organisations de terrain, conscientes de la nécessité de développer l’agriculture dans le Syunik, ne pouvaient qu’être amenées à collaborer. C’est fin 2022 que leurs chemins se sont croisés pour la première fois, de manière informelle, dans le cadre du projet de rénovation du système d’irrigation de 20 hectares autour du village de Vorotan. Le Fonds avait alors rénové le réseau d’adduction d’eau potable, de la source jusqu’au réservoir, tandis que le PAM avait fourni deux kilomètres de tuyaux à la communauté de communes de Goris pour construire le réseau de distribution. L’année suivante, la collaboration s’est poursuivie avec le projet de création de vergers de plein vent dans dix villages frontaliers autour de Goris. Dans le cadre de cette collaboration, le Fonds a distribué environ 15 000 plants d’arbres fruitiers à 85 bénéficiaires, pour un total de 50 hectares de vergers consacrés exclusivement à l’arboriculture. Le PAM a contribué au projet en fournissant à chaque bénéficiaire un système d’irrigation goutte-à-goutte avec tuyaux, pompes, réservoirs et autres accessoires. En outre, le PAM a assuré une formation sur l’activité d’arboriculture, l’utilisation des systèmes fournis et sur la gestion des ressources en eau à l’attention des agriculteurs. Encouragées par ces succès, les deux parties comptent répéter l’opération en automne 2024, ce qui permettra aux villageois d’autres régions du Syunik de se lancer dans l’arboriculture.
Grâce à la signature du nouvel accord de coopération, le partenariat des deux organisations va pouvoir englober des projets à plus grande échelle, comme la rénovation du canal de Sissian. Ce projet stratégique est porté depuis deux ans par le Fonds, qui a effectué l’année dernière une étude préliminaire pour déterminer les types d’agriculture pratiquée dans chaque village et pour comprendre les problématiques techniques et sociales sur le terrain. Le projet de rénovation des 18 premiers kilomètres du canal (sur trente au total) permettra à quatre villages d’avoir pleinement accès à l’eau d’irrigation et d’élargir la surface de terres arables irrigables. En attente depuis de longs mois de la participation financière de l’État au projet, le Fonds peut désormais compter sur le cofinancement du PAM et a d’ores déjà lancé une étude technique de rénovation pour un démarrage des travaux dans un futur proche. Ce projet va littéralement « ruisseler » sur l’ensemble de l’économie locale en permettant aux agriculteurs des villages voisins de louer des terres et de faire du maraîchage, de l’arboriculture, tout en augmentant leurs rendements et en diversifiant leurs variétés. A l’heure où les petits exploitants des zones frontalières souffrent des conséquences de la nouvelle donne géopolitique - en particulier la diminution très importante des pâturages, le Fonds a trouvé dans le PAM un partenaire providentiel pour la réalisation de projets communs dans le Syunik. Par ailleurs, au même titre que le Fonds, le PAM met en œuvre de nombreux projets dans le Tavush et le Gegharkunik ce qui laisse présager des perspectives de collaboration dans les domaines du maraîchage, de l’arboriculture et de l’irrigation dans ces régions.
LES OBJECTIFS DE L’ACCORD
Signé début février, l’accord de coopération engage les parties à accroître la sécurité alimentaire dans les provinces arméniennes en renforçant les techniques et pratiques agricoles modernes. Pour ce faire, elles prévoient d’améliorer les capacités, les connaissances et les compétences des agriculteurs par le biais de formations et de sessions pratiques, d’augmenter leur productivité et leur rentabilité par la fourniture d’actifs et d’intrants agricoles, et de développer les infrastructures de production agricole locale. Les deux parties ont convenu d’un plan stratégique et opérationnel qui définit le modus operandi de leur collaboration. La participation du Fonds Arménien de France à ce programme sera notamment assurée par les dons reçus lors des Phonéthons annuels.