Quand la retraite garde la main verte
[20 mai 2024] - Souren Kévorkian

Dans le cadre de son programme de développement des cultures potagères et maraîchères dans les villages frontaliers, le Fonds Arménien de France a reçu, l’année dernière, Rémy Robic, agronome et ingénieur horticole à la retraite, pour une mission d’expertise organisée par l’ECTI (Entreprises-Collectivités territoriales-Insertion). Pendant une dizaine de jours, Rémy a sillonné les cultures du Tavush et du Syunik afin de formuler ses recommandations pour l’optimisation du programme. Il reviendra en juin prochain pour une nouvelle mission.

Rémy Robic, supervisant les plantations. Debout à droite, Kariné Barseghyan, cheffe de culture de la ferme.
Rémy Robic, supervisant les plantations. Debout à droite, Kariné Barseghyan, cheffe de culture de la ferme.

L’exploitation maraîchère de la ferme de Lusadzor (Tavush), mise en place en 2022, constitue l’épicentre du programme de production et de distribution des plants de légumes en Arménie. Animée par l’agronome Kariné Barseghyan, cheffe de culture, la structure est composée de six serres couvrant au total près de 1 500 m2. Sur le plan des pratiques culturales, Rémy Robic a préconisé, lors de sa visite, une rationalisation de l’implantation des cultures, ce qui permettra une meilleure répartition de la masse foliaire, et donc une amélioration de la photosynthèse. Il a également conseillé de substituer l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse par la lutte biologique intégrée, c’est-à-dire l’introduction d’insectes « prédateurs » s’attaquant aux nuisibles « ravageurs ». Sur le plan des équipements, l’expert a recommandé de renforcer les structures des serres-tunnels afin de pouvoir conduire les plants verticalement. Enfin, pour optimiser la période relativement plus calme de l’hiver, il a suggéré l’implantation d’une culture de fraisiers sur une superficie de 200 m2, avec une mise en terre en novembre pour une récolte au printemps. Le second volet de la mission de Rémy Robic l’a mené dans les villages du Tavush, où il a visité les exploitations des familles bénéficiaires du programme du Fonds Arménien de France et des producteurs professionnels. En plus de leur fournir des éléments de formation, Rémy a recueilli les interrogations des cultivateurs sur la protection phytosanitaire. Par exemple, ces derniers ont évoqué des attaques de « vers » qui endommagent les cultures, ce qui les incite à doubler les densités de plantation. Une observation approfondie des dégâts occasionnés a permis de diagnostiquer une attaque de courtilière – ou taupe-grillon – qui sectionnait les collets des plantes. Pour y remédier, une méthode de piégeage a été enseignée aux bénéficiaires, à l’appui d’une fiche descriptive, ce qui permettra de les dissuader de recourir à la lutte chimique, les insectes capturés servant d’excellente nourriture pour les volailles. Lors de sa visite dans les villages autour de Goris, dans le Syunik cette fois, l’expert agricole s’est rendu sur quatre exploitations qui ont bénéficié du programme de distribution de serres-tunnels du Fonds visant à professionnaliser les agriculteurs. Selon lui, seule une sur quatre exploitations présentait un caractère professionnel dans l’utilisation de sa serre. Face à cette constatation, Rémy Robic a décidé conjointement avec le Fonds d’organiser un atelier de démonstration et d’échanges agronomiques dans cette première serre, ainsi que dans les villages du Tavush et à la ferme de Lusadzor, lors de sa prochaine mission, prévue en juin 2024. L’expert français a également prévu de constituer plusieurs groupes de vulgarisation destinés à former les bénéficiaires en partenariat avec les services agronomiques et les établissements d’enseignement agricole de la région.

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