LES ACTUS

Présidé par le dynamique avocat Alex Kalpakian, le conseil d’administration du Fonds Arménien Argentin comprend des dirigeants d’entreprises de grande qualité. Cette équipe navigue dans un contexte de crise économique qui dure depuis deux décennies et qui affecte la communauté arménienne composée d’une importante classe moyenne. L’actualité internationale a mis le projecteur sur le dernier président élu, Javier Milei, un ultra libéral sur lequel une partie de la société argentine porte des espoirs de sortie de crise ! Le président d’Arménie, Vahagn Khatchatourian, s’est déplacé pour participer à l’intronisation du nouvel élu.

UNE COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE DYNAMIQUE
La communauté arménienne compte entre 100 et 120 000 personnes. Elle s’est constituée avec les premiers réfugiés du génocide des Arméniens et s’est renforcée au cours du temps, notamment après la seconde guerre mondiale et plus récemment avec une immigration venant d’Arménie. Les deux-tiers se trouvent dans la grande agglomération de Buenos Aires (13 millions d’habitants) dispersés dans plusieurs quartiers, avec 4 églises et 7 écoles. Mais le cœur de la communauté se trouve dans le quartier de Palermo, rue Armenia, avec sa grande cathédrale Sourp Krikor Loussavoritch (St Grégoire l’illuminateur) et nombre d’institutions diasporiques (l’UGAB, avec sa piscine, son gymnase et son école, le centre arménien, le centre Tékéyan, etc.). Janvier et février sont les mois de vacances d’été ; de ce fait, nous n’avons pu être reçus qu’à la cathédrale et dans le centre de l’UGAB. Néanmoins la réception à l’église par l’évêque, Monseigneur Gisak Muradyan, a été fructueuse et chaleureuse… et l’accueil de la directrice de l’UGAB fort sympathique. Monseigneur Gisak Muradyan nous explique que tous les vendredis et samedis les enfants de son école préparent des repas à l’église, afin de financer leur voyage annuel en Arménie.

Les autres membres de la communauté d’Argentine sont regroupés à Cordoba, la 2ème ville du pays, à 700 km de Buenos Aires. Elle dispose elle aussi d’un quartier arménien avec une église et une école. La municipalité a inscrit en langue arménienne nombre de rues et de places de la ville. Les autres Arméniens du pays sont regroupés à Rosario et Santa Fé, villes situées à 300 et 500 km de la capitale. J’ai eu le plaisir de rencontrer l’ambassadeur d’Arménie, Hovhannès Virabyan, qui m’a décrit d’un côté l’organisation d’une communauté forte de ses institutions traditionnelles et ses écoles, de l’autre l’existence de très grandes personnalités du monde de l’industrie et du commerce dont les réussites sont à souligner. Si le nom d’Eduardo Eurnekian revient naturellement (homme des médias, à la tête de plus de 70 aéroports d’Amérique du sud et de celui d’Erevan), d’autres grands noms sont cités dans les domaines du textile, du cuir, de l’électronique, du commerce, des professions libérales, etc.

La diaspora arménienne est connue dans tout le pays et appréciée. Elle a toujours bénécié de l’appui des présidents et de leur soutien (l’Argentine a reconnu le génocide des Arméniens en 2004). Mais cette communauté n’a pas notre chance, à nous Français. Le Pays est en crise depuis des décennies (l’ination dépasse actuellement les 100%) ; elle ne bénécie d’aucun soutien financier de l’Etat ou des collectivités territoriales, d’aucun avantage fiscal comparable au Cerfa français pour les dons et… elle est loin, très loin de l’Arménie (plus de 24 heures d’avion contre 5 heures pour nous).

LE FONDS ARMÉNIEN D’ARGENTINE
L’équipe du Fonds Arménien d’Argentine est courageuse à l’image de sa communauté. Alex Kalpakian s’est impliqué dans la création du Fonds dès 1992 et le préside depuis 2018. Le Fonds Arménien d’Argentine a participé à d’importants projets en Artsakh et en Arménie (voir encadré) et, malgré la difficile situation économique du pays, affiche de belles prouesses grâce à une équipe d’entrepreneurs resserrée et à une volonté d’ouverture vers d’autres ONG. En effet, c’est grâce à plusieurs partenariats que l’association poursuit maintenant ses actions dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’économie.

C’est avec l’UNICEF argentin que l’équipe du Fonds Arménien a réalisé des projets majeurs ces dernières années, notamment dans le secteur de l’éducation : mobilier, bibliothèque et salle de rééducation pour élèves handicapés d’une école à Goris (400 élèves) ; nouveau système de chauffage et d’assainissement pour l’une des maternelles de Goris (150 élèves) ; rénovation du bâtiment culturel et artistique de Vérishen, proche de Goris. Les nouveaux projets concerneront le centre de jeunesse d’Artik proche de Gumri ainsi que la rénovation du centre de soutien à l’enfance et à la famille de Gumri, en partenariat avec le ministère du Travail et des Affaires sociales d’Arménie. C’est avec la Fondation Fidec que le Fonds a contribué à distribuer des médicaments dans les centres médicaux de la région du Shirak.

Enfin, dans un pays agricole d’envergure, c’est avec enthousiasme que le Fonds Arménien d’Argentine participe aux projets agricoles menés par le Fonds Arménien de France, depuis 2021 : en Artsakh, 37 serres et 150 ruches ont été implantées avec son aide ; au Syunik, ce sont 20 serres et plus de 50 ruches qui viennent d’être distribuées. Et après l’épuration ethnique de l’Artsakh, ce sont 30 maisons que le Fonds Argentin souhaite rénover avec l’aide et la logistique des équipes du Fonds Arménien de France au Syunik. Il s’agit d’une collaboration exemplaire dont nous nous réjouissons. Comme on le voit, le cœur de cette diaspora éloignée bat, comme le nôtre, pour que les enfants, leur mère et leur père d’Artsakh et d’Arménie puissent vivre dans des conditions qui leur permettent de se projeter dans l’avenir, avec espoir.